Le silence des baobabs

La voix des griots[1] résonnait encore. Le souffle des ancêtres bruissait dans les branches. Le sang des circoncis se mêlait à la sève. Les tam-tams et les coups de pilons rythmaient la danse incandescente des masques. Le cœur du village battait au pied du baobab. Les sages veillaient et l’esprit des anciens était toujours présent. Les symboles et les totems occupaient une place importante. L’homme parlait avec les objets et communiquait avec la nature. Cet équilibre culturel a vacillé au fil des générations et s’est progressivement défait.
Dans la pénombre, les ombres se déplacent et les silhouettes s’éloignent.
Sous l’arbre à palabre[2] le village s’inquiète.
La situation prend une couleur différente vue à hauteur d’un ballon de foot ou d’un arbre, à hauteur d’un enfant ou des adultes du village. Mais tous ressentent l’abandon, l’incompréhension, le tragique.
Les masques traditionnels seraient-ils capables d’apporter leur aide ? Ignorés et oubliés, ils accusent les nouvelles générations de les confiner et de les réduire à de simples objets.  Pour manifester leur mécontentement, ils hantent les jeunes jusque dans leur sommeil, les contraignant à fuir pour ne pas tomber malade. La colère mascherale[3] ne serait-elle pas la vraie coupable ?
La sécheresse menace, les arbres meurent, les rivières se dessèchent, les pluies se font rares, les puits se tarissent, les greniers sont vides, les bêtes ont soif.
L’arbre isolé part à la recherche de la forêt. Le ballon s’interroge sur sa solitude.
«Rythmés par la voix du griot, les palabres et les conseils des sages, tentent de réconcilier les traditions avec la vie d’aujourd’hui. Hommes aux pieds ailés », « nouveaux Ulysse », ceux qui partent, poussés par la main ferme de l’urgence, errent dans l’enfer du désert, affrontent une mer impétueuse, pour rejoindre un ailleurs incertain. Ceux qui restent ruminent leurs peines. Les mères, les épouses pleurent l’être parti et chantent leur mélancolie tandis que d’autres confient leurs secrets au baobab ou aux forces mystiques.
Le conteur, lui, n’est jamais très loin. II raconte les histoires d’hier et écrit les récits de demain.
[1] Griot : En Afrique noire, membre de la caste des poètes musiciens ambulants, dépositaires de la culture orale et réputé être en relation avec les esprits.
[2] L’arbre à palabres est un lieu traditionnel de rassemblement, à l’ombre duquel on s’exprime sur la vie en société, les problèmes du village, la politique. C’est aussi un lieu où les enfants viennent écouter conter des histoires par un ancien du village.
[3] Mascherale : adjectif relatif aux masques.

Silvia TREBBI. Je dessine. Je dessine depuis toujours. C’est une façon de penser, une façon de voir, une façon de parler sans bruit.
Pourtant, j’aime les dessins qui parlent, les dessins qui bougent de case en case, à chaque page.
La feuille de dessin me stimule. La page blanche me monte à la tête. Elle accepte de recevoir platement mes divagations graphiques et de participer à la création d’un monde d’encre et de papier, qui se construit peu à peu sur elle et par elle, de ma tête à ma main, entre la plume et le trait. La politesse de la page blanche est d’héberger gracieusement mon dessin, celui-là même qui me raconte qui je suis et je ne peux vous en dire davantage.

Papa Malick FALL. Les mots, des mots…
Je les cherche toujours. Je les scrute dans la profondeur de la nuit. Je les cueille dans la tiédeur de l’ennui. Je les guette dans la fragilité du matin. Ils piétinent mes ombres. Ils rasent les murs. Ils dansent dans le miroir. Ils avancent dans la lumière. Ils chuchotent dans le brouillard.  Ils narguent mon sommeil et hantent mes rêves. Je les sens. Je les respire. Je les entends murmurer dans le vent.  Je les entends bourdonner dans le silence. Ils se bousculent, s’essoufflent, s’effacent. Je les entends tomber, se relever, tituber. Ils cherchent leur ponctuation.  Ils sont vers, rimes, mélodies…  Ils bruissent dans le feuillage.  Ils s’illuminent dans le sourire de cette fille que je croise au coin d’une rue. Ils sont suspendus dans son regard, tremblent sur ses lèvres, effleurent sa chevelure.

Le silence des baobabs, roman graphique de Silvia Trebbi et Papa Malick Fall, 92 pages 21 x 29,7 relié, 13 € + 6,90 € de frais de port (France métropolitaine) supplément pour les départements outre-mer
ISBN 979-10-94810-30-9  Parution le 26 octobre 2020.

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