Papa Malick Fall

Les mots, des mots…
Je les cherche toujours. Je les scrute dans la profondeur de la nuit. Je les cueille dans la tiédeur de l’ennui. Je les guette dans la fragilité du matin. Ils piétinent mes ombres. Ils rasent les murs. Ils dansent dans le miroir. Ils avancent dans la lumière. Ils chuchotent dans le brouillard.  Ils narguent mon sommeil et hantent mes rêves. Je les sens. Je les respire. Je les entends murmurer dans le vent.  Je les entends bourdonner dans le silence. Ils se bousculent, s’essoufflent, s’effacent. Je les entends tomber, se relever, tituber. Ils cherchent leur ponctuation.  Ils sont vers, rimes, mélodies…  Ils bruissent dans le feuillage.  Ils s’illuminent dans le sourire de cette fille que je croise au coin d’une rue. Ils sont suspendus dans son regard, tremblent sur ses lèvres, effleurent sa chevelure.

Co-auteur du roman graphique “Le silence des baobabs

 

Parution en novembre 2021 de “Carrosserie

Du choc des mots, de l’impact de ce parallèle entre les cabossés de la route et les cabossés de la vie que sont les migrants se dégage toute une palette d’interprétations possibles pour faire ressentir en quelques instants la condition d’exilé : déchirure et réparation.
Ce texte est partie intégrante d’une création théâtrale intitulée « Vies exilées, vies cabossées » écrite par des migrants accueillis à l’Apardap.