Papa Malick Fall

Les mots, des mots…
Je les cherche toujours. Je les scrute dans la profondeur de la nuit. Je les cueille dans la tiédeur de l’ennui. Je les guette dans la fragilité du matin. Ils piétinent mes ombres. Ils rasent les murs. Ils dansent dans le miroir. Ils avancent dans la lumière. Ils chuchotent dans le brouillard.  Ils narguent mon sommeil et hantent mes rêves. Je les sens. Je les respire. Je les entends murmurer dans le vent.  Je les entends bourdonner dans le silence. Ils se bousculent, s’essoufflent, s’effacent. Je les entends tomber, se relever, tituber. Ils cherchent leur ponctuation.  Ils sont vers, rimes, mélodies…  Ils bruissent dans le feuillage.  Ils s’illuminent dans le sourire de cette fille que je croise au coin d’une rue. Ils sont suspendus dans son regard, tremblent sur ses lèvres, effleurent sa chevelure.

Co-auteur du roman graphique “Le silence des baobabs

Parution en novembre 2021 de “Carrosserie

Du choc des mots, de l’impact de ce parallèle entre les cabossés de la route et les cabossés de la vie que sont les migrants se dégage toute une palette d’interprétations possibles pour faire ressentir en quelques instants la condition d’exilé : déchirure et réparation.
Ce texte est partie intégrante d’une création théâtrale intitulée « Vies exilées, vies cabossées » écrite par des migrants accueillis à l’Apardap.

Parution en mai 2025 : Moi, migrant, petit-fils de tirailleurs sénégalais

Les uns sont arrivés par bateau ; les autres ont atteint la rive sur des radeaux de fortune. Qu’ils soient tirailleurs ou migrants, ils viennent tous d’ailleurs, passant d’un port à l’autre, d’une gare à l’autre dans une profonde solitude.
Ils font la queue devant les préfectures. Ils attendent dans les tranchées.
Arrachement à la terre natale, départ douloureux, souffrance, résilience, errance et mélange de nostalgie, les destins s’entrelacent et les chemins s’entrecroisent.
Ces textes se chevauchent, se nouent, tentant de retracer les trajectoires poussiéreuses cousues d’illusions, de colmater les rêves écrasés sur les routes de l’exil et dans l’incertitude des nuits d’hiver.
Dans leurs plaidoiries, la mémoire est leur seule pièce à conviction, mais ils ont oublié que l’histoire n’est pas un laissez-passer !
Je lève mes vers à tous ceux qui ont dû quitter leur terre, leurs racines, et qui portent en eux les cicatrices de l’éloignement.