Tu la voyais grande et c’est une toute petite vie

Une femme sans âge, prise tel un insecte dans la toile gluante des mots. Entre le buffet et l’évier, elle parle.
Dit tout ce qui lui passe par la tête. Par le corps.
La rancœur, le dépit, l’envie.
Le désir piétiné.
L’amertume et la désillusion.
Elle parle. Elle ne sait pas se taire.
Elle parle à sa fille, cette gamine à la bouche pleine.
De pain. De viande. Et d’impuissantes larmes.
Elle parle à qui veut l’entendre.
Personne, à l’évidence.

Parfois, elle se parle à elle-même.
Se parle mais ne s’entend pas dire.
Rage et désespoir l’assourdissent.

Elle parle, la mère.
Elle crie, elle crache.
Sa haine de l’autre. Et d’elle-même.
L’enfant doit savoir la vie volée.
Gaspillée dans l’incessante répétition.
Le sacrifice auquel elle a consenti.
L’autre doit connaître la douleur et le gâchis.
Au prix du ravage, l’indicible sera dit.
Tant pis.

Psychologue, Françoise Guérin accueille les errances maternelles aux traquenards de l’inconscient.
Romancière, elle explore les contours du ravage mère-fille et la manière dont il se perpétue dans l’incessant discours de la colère.
Tu la voyais grande et c’est une toute petite vie est son douzième livre.

Tu la voyais grande et c’est une toute petite vie, roman de Françoise Guérin, 102 pages, 13,50 € (Fdp 4,20 €) N° ISBN 979-10-94810-46-0 Parution le 02 janvier 2023

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4 comments

  1. Lu d’une traite! ❤
    Tout d’abord, la couverture qui est tout simplement magnifique.
    Ensuite, la forme particulière du roman qui ne doit pas être un frein à la lecture car elle a un sens (lisez la préface car elle a son importance).
    Et… les mots qui décrivent les maux. Une histoire qui ne peut que parler aux femmes, qu’elles soient mères, grand-mères, filles etc…
    Ce roman a presque quelque chose d’universel : la désillusion de la vie, les regrets, la vie par procuration, le “je te l’avais dit”
    Un roman à la forme atypique ,fort, dur et touchant .

  2. Donner la vie : est-ce que cela signifie être mère ? Qui sommes-nous ? Nous-mêmes ? Ou tout simplement le reliquat de notre enfance ?
    Ces questions peuvent jaillir à tout moment dans notre esprit mais notamment à la lecture de ce magnifique roman de @fguer1.auteure : ” Tu la croyais grande et c’est une toute petite vie “.
    Françoise Guérin signe un roman puissant et émouvant.
    Court par sa forme, il se présente comme un recueil de poèmes à la Prévert. Le fond s’attache à rencontrer une femme sans identité et mère de la petite Célestine. Tel un “stream of consciousness” , le lecteur erre dans les méandres de l’âme noire de cette femme rongée par la colère et la tristesse. Et pourtant, cette enfant au prénom qui renvoie au ciel et au salut, ne cesse de lui renvoyer ses échecs et son enfance marquée par la violence et la haine. Mais la colère ne serait – elle pas cathartique parfois ? Parce que dire les choses, c’est les affronter et cheminer vers la résilience, ce court roman dessine les contours de la difficulté de naître femme dans un monde patriarcal souvent entretenu par les femmes elles-mêmes.
    Être mère, ne serait – ce pas avant tout accepter qui l’on est et que ce petit être n’est pas le spectre du passé mais la lumière guidant vers une renaissance ?
    Une lecture que je vous recommande vivement !

  3. Violents propos et pensées d’une femme en désarroi. Si notre langage intérieur était déversé au grand jour, sûr que la société s’effondrerait encore plus rapidement qu’elle ne le fait. Ce court roman nous ouvre une fenêtre sur les méandres psychiques d’une mère dépassée par ses affects et sur les affres vécus par sa petite fille. De quoi imaginer pour elle, dans le meilleur des cas, un sérieuse thérapie pour parvenir à guérir les blessures secrète laissée par son éducation.
    Écriture au scalpel au service d’une tragédie ordinaire. Un roman lu d’une traite qui vous engage à faire retour sur vos propres traumatismes enfantins et sur les difficultés de devenir mère.

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