C’est bon pour ton égo

Il y a Lucie qui est prise en otage dans un supermarché et pense à son dernier repas.
Il y a cette femme médecin anéantie par un deuil qui discute avec Victor Hugo dans son salon.
Il y a François qui décide de se débarrasser de sa télé pour sauver sa famille.
Il y a Bobby qui porte un prénom de gentil mais ne l’est pas vraiment.
Les héros de ces nouvelles, des hommes et des femmes aux prises avec leur ego, se ressemblent étrangement. Tous rêvent d’une autre vie, mais cette aspiration, prisonnière d’un rapport équivoque aux écrans et au virtuel, s’épuise dans le manque de l’autre. Avec un avatar pour seul vis-à-vis, le risque de se perdre n’est jamais loin.

Béatrice Crespo-Binisti a beaucoup regardé la télé quand elle était enfant. Elle a aussi beaucoup lu, et très tôt s’est mise à écrire des histoires. Aujourd’hui, Béatrice a bien grandi et regarde beaucoup moins la télé mais elle n’a jamais arrêté de lire et d’écrire des nouvelles. Sur le blog « Aux Bouquins Garnis » qu’elle a créé en 2012, elle parle encore et toujours de littérature, mais aussi de cuisine, son autre passion. Originaire de Marseille, elle vit avec son mari et son fils en région parisienne depuis plus de vingt ans et enseigne dans un collège du 93.
« C’est bon pour ton ego » est son premier recueil de nouvelles.

C’est bon pour ton égo, Béatrice Crespo-Binisti, nouvelles, 144 pages, 17,00 € + port
ISBN : 979-10-94810-56-9 Parution le 06 mars 2024

En écoute : la nouvelle “Victor dans mon salon” mise en voix par Chantal Bidet

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2 comments

  1. “Marguerite meurt d’envie de tordre le cou de sa fille, mais la garce a un cou solide, un vrai cou de taureau.”
    Le premier texte donne le ton… En pleine prise d’otages dans une supérette, la narratrice tergiverse in petto sur le contenu du diner qu’elle va cuisiner pour l’anniversaire de son compagnon. Le surgissement incongru de cette réflexion anodine désamorce la tension dramatique, y introduit une légèreté qui surprend et fait sourire. On retrouve tout au long du recueil, en fonction des textes, cette cohabitation entre gravité et dérision, entre tragique et humour. Un humour délicieusement décalé, mais parfois aussi délicieusement noir. La légèreté est cependant loin de l’emporter à tous les coups, même si on trouve presque à chaque fois une occasion de sourire (parfois très jaune).
    Certaines situations sont dramatiques -suite à une chute, une vieille dame se retrouve à la merci de sa fille acariâtre, qui la sépare de son chien ; un homme rejeté par sa maitresse projette d’enlever sa fille- mais la plupart du temps, les textes évoquent de brefs épisodes du quotidien, croqués avec des détails significatifs qui d’emblée immergent dans le contexte et les préoccupations des personnages, une importance particulière étant accordée à leurs intériorités.
    Au gré d’incursions dans des microcosmes intimes -familiaux, conjugaux, amicaux- ou sociaux -notamment celui du monde du travail-, le recueil scrute les résonnances des relations sur les individus, révélant ce qui les nourrit ou les corrompt, s’attardant sur les manifestations, subtiles ou brutales, de leurs déviances, lorsqu’elles sont alimentées par la rancœur, la volonté d’emprise ou de manipulation.
    Nous partons à la rencontre d’héros et d’héroïnes qui souvent nous ressemblent, parce qu’ils sont de ceux que l’on ne remarque pas. En quête de reconnaissance ou d’épanouissement, de réparation face au rejet ou au mépris, ils trouvent parfois la force d’atteindre à une forme d’émancipation, comme Morgane, qui décide de ne plus sacrifier son équilibre au profit de la double injonction sociétale et personnelle qui l’incitait à conserver un emploi psychologiquement inconfortable ou cette élue qui, alors qu’elle se prépare en vue d’une intervention télévisuelle, rompt brusquement avec son habitude de suivre les consensuels conseils de son époux.
    Les répercussions des simples entorses ou des fracas qui viennent frapper leurs routines sont parfois d’une extrême violence… j’ai particulièrement apprécié la tonalité cruelle ou macabre de nouvelles comme “Te tuer” ou “XXL”. Mais Béatrice Crespo-Binisti maîtrise tout autant l’art de la suggestion, suscitant le malaise ou l’angoisse par de brèves mais frappantes allusions à certaines formes d’anormalité. Je pense entre autres à “La loyauté”, où la narratrice rend visite à une amie qu’elle prétend fragile, et qui fait preuve envers sa fille de dix-huit mois d’un comportement traduisant une inquiétante instabilité.
    Portés par une écriture agréablement alerte, voire tranchante, les seize textes qui composent le recueil, qu’ils soient subtilement glaçants, d’un humour noir ouvertement assumé, ou la captation d’une tranche de vie a priori banale, dessinent une palette des petites manies ou des névroses qu’engendrent le monde moderne et l’appauvrissement des nouvelles références qu’il propose pour faire société : addictions aux écrans, complexes auxquels nous renvoient les modèles d’identification, ravages provoqués par la course à la performance et à la perfection… J’avoue m’être sentie particulièrement concernée par l’histoire de cet homme complètement déconnecté de ses proches et de ses collègues de travail parce qu’il est incapable d’échanger sur une émission de téléréalité qui fait fureur et monopolise toutes les conversations…

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